Musée

C'est en 1859, que M. Adolphe WALLET, maire de PHILIPPEVILLE et M. de TOULGOËT, préfet de Constantine agissant sur l'ordre du Prince Jérôme NAPOLÉON, Ministre de l'Algérie et des Colonies, fondèrent le Musée.

Les objets antiques trouvés lors des fouilles et des travaux de terrassement, y étaient rassemblés. On y trouvait des statues de marbre et de bronze, des monnaies, des amphores, des colonnes, des chapiteaux, des inscriptions funéraires et dédicatoires, des mosaïques, etc...

Le musée archéologique contenait plus de 2000 pièces, répertoriées par l'architecte BOSC, dont de très belles statues comme la Vénus et l'Hercule.

Musée de Philippeville
Le Musée et les ruines romaines

LE MUSÉE DE PHILIPPEVILLE peut passer pour l'un des
plus riches en collections archéologiques de l'Afrique du Nord.

Il possède en effet près de 300 morceaux différents provenant de découvertes faites au cours des constructions d'immeubles de la cité moderne. À côté de cela, 15 sarcophages, quelques mosaïques de belle facture, des fragments de statues, et plus de 200 inscriptions donatiste.

— Intérieur du Musée —
— Intérieur du Musée —

Au centre de la salle du rez-de-chaussée, se dresse une statue colossale de l'Empereur HADRIEN, un buste de CARACALLA, la statue d'un Génie, etc...

Dans les vitrines, des ossements trouvés lors de la construction du square, en face de l'Église, sont attribués à la martyre DIGNA, patronne de la Basilique donatiste sur les ruines de laquelle a été édifiée l'église. La tombe contenait le squelette entier, la tête reposait sur une brique et 4 clous de fer de 0,10 m de longueur l'entouraient.

Dans la salle du premier étage, quelques tableaux dons de l'État ou de particuliers ; une carte de l'Algérie oeuvre du peintre et archéologue J. CHABASSIÈRE, auteur d'une reconstruction scientifique et vraiment captivante de la GENÈSE DU MONDE.

Une autre salle renferme des armes, souvenirs de la conquête, et en particulier un canon provenant de la corvette la Marne, naufragée en rade de Stora en 1841, et un autre, souvenir du siège de Constantine en 1837.

La salle de pêche, organisée, bien avant la guerre, lorsque PHILIPPEVILLE possédait une école de Navigation, rassemble tous les engins de pêche utilisés dans la baie de PHILIPPEVILLE-STORA, ainsi qu'une collection de la faune marine de notre région.

Sur la façade du Musée sont érigées avec bases et chapiteaux, 18 colonnes en marbre du Filfila, et 4 autres en granit de 4 mètres de hauteur.
Cette colonnade donne une idée de ce que pouvaient être les monuments romains, à l'époque de la splendeur de RUSICADE.

Parmi les pierres curieuses du Musée, il faut signaler un autel funéraire en grès, trouvé à CELTIANIS, dans le douar Beni-Ouelbane, à 14 km de Sidi-Mesrich, et qui rappelle que "LUCIUS HORATIUS CRESCES A VÉCU 110 ANS : QU'ICI TU REPOSES EN PAIX."

Un autre autel funéraire en grès de la même origine consacré aux Dieux mânes "PUBLIUS JULUS JANNARIS A VÉCU 95 ANS. IL REPOSE ICI."

Un autre "CÉCILIA URBANA A VÉCU 91 ANS. ELLE REPOSE ICI."

Rue Clémenceau, à l'angle de la rue d'Austerlitz, en 1891 on a trouvé une pierre funéraire en grès portant que : "CAIUS PACTUMEIUS PHILOCALUS A VÉCU 103 ANS. IL REPOSE ICI."

Une autre encore consacrée aux Dieux mânes : "QUINTUS FABIUS A VÉCU 101 ANS. IL REPOSE ICI."

Heureuse époque où les centenaires ne se comptaient pas dans notre région.

Sur le flanc de Bou-Yala, face à l'abattoir, un sanctuaire souterrain consacré au Dieu Mithra devait exister car, on a retrouvé en 1845, trois statuettes représentant, la première, un monstre à corps humain et à tête de lion, les deux autres symbolisant CANTES le soleil du printemps, et CANTOPATES, soleil de l'automne. Plus loin un grand récipient de marbre rose dont un serpent encercle le bassin et qui est de la même origine.

Dans les vitrines, un grand nombre d'objets en verre, récipients, urnes, miroirs etc...
Dans un autre rayon, de nombreux objets en os et en bronze : épingles, anneaux, clous, bagues, cuillers, coquetiers, cadenas, hameçon.
Deux vases contenant des grains de blé, et un grand nombre de petites statues, de lampes, de fragments divers de têtes, etc...
Lors de l'occupation française, on pouvait encore admirer les vestiges d'une fontaine romaine, à l'emplacement du kiosque à musique, place de Marqué, ainsi que de vastes magasins.

Le temple de la Victoire à l'emplacement du Palais de Justice.
Le temple de Vénus, à l'emplacement du théâtre municipal.
Le temple d'Hélios et le Mithracum, sous l'hospice des vieillards.
Le temple de Bellone, à l'emplacement de l'hôpital civil, et en avant, le temple de Jupiter Apennin.

Les nécropoles se trouvaient aux quatre points cardinaux de la cité, et l'une d'elles spécialement chrétienne, à l'ancienne propriété Lesueur, à 2 km sur la route supérieure de Stora.

Les Romains tiraient leurs pierres de la carrière appelée encore de nos jours carrière romaine entre Saint-Antoine et Damrémont.

Un seul temple n'avait pu être identifié ni placé : le temple d'ESCULAPE.
C'était une divinité pourtant très respectée dans tout le monde romain. Un temple existait à Tricca en Thessalie au début, et le culte s'étendit ensuite en Messénie, en Péloponnèse, en Asie mineure et à Smyrne. En Crète, en Cilicie et en Cyrénaïque ce culte fut instauré. Vers 291 avant J.C., le Sénat romain, à la suite d'une épidémie de peste qui ravageait la population, avait envoyé une délégation à Epidaure pour supplier le Dieu de la Médecine d'arrêter le fléau.

Lorsque cette délégation revint, un serpent qu'elle avait pris à l'Asclepeia, s'enfuit du navire, remonta le Tibre et se cacha dans une île qui fut consacrée de suite, au nouveau culte et devint l'Île sacrée.

Les Légionnaires, enclins à adorer le Dieu des guérisons miraculeuses amenèrent ce culte avec eux. Chaque temple avait un chien sacré et un serpent, car dit Thimothée de Gaza "quand une peste est imminente, les chiens et les serpents la pressentent par instinct."

Les sanctuaires algériens n'avaient pas de chien, mais ils avaient tous un serpent.
La déesse Hygie, déesse de la santé, fut installée dans le temple d'Esculape vers 420 avant J.C., à l'Asclepeion d'Athènes. Les statues diffèrent suivant les lieux et les races. Celle trouvée à PHILIPPEVILLE représente une belle jeune fille aux traits fins.

Esculape et Hygie étaient inséparables, et devinrent les Dieux les plus vénérés et adorés de l'antiquité.

Lorsqu'au mois de juin 1891, en creusant les fondations de l'Hôtel des Postes, on eut trouvé le piédestal d'une statue de marbre ayant 1,50 m de haut et portant ces mots :

HYGIOE AUG. SACRUM

et plus loin la statue elle même, on a été fixé sur l'importance du temple consacré aux Dieux Guérisseurs.
L'Hôtel des Postes est donc construit sur un temple qui n'a pas été fouillé et qui, par conséquent, conserve encore tous ses secrets.

Signature Ledermann

Palmier animé