Il était une fois Philippeville - Saint-Antoine, Damrémont, Valée
 

 

Ces trois centres de colonisation forment des sections de la commune de PHILIPPEVILLE, avec chacune, un Adjoint spécial délégué pour assurer le bon fonctionnement des services administratifs.



SAINT-ANTOINE à 7 kilomètres au Sud de PHILIPPEVILLE a été créé en 1863, par le capitaine du Génie BRINCART, dont le village a porté le nom pendant trois années.

On s'explique mal ce changement d'appellation. Alors que nos centres algériens voient leur désignation officielle transformée pour honorer les grands Hommes de notre pays, on peut être étonné que ces appellations qui récompensaient le dévouement ou l'héroïsme des premiers occupants ne soient pas maintenues.

La création des centres de SAINT-ANTOINE et de DAMRÉMONT ne fut pas chose facile par suite de l'insécurité de la contrée et des marécages qui s'étendaient des portes de PHILIPPEVILLE jusqu'à SAINT-CHARLES.

Le "COURRIER DE PHILIPPEVILLE" le premier journal de la nouvelle cité, mentionnait le 5 novembre 1846, cette nouvelle :

"Les travaux des villages de DAMRÉMONT et SAINT-ANTOINE exécutés sous la direction de l'administration coloniale, ont été forcément suspendus depuis longtemps pour des causes indépendantes de la volonté de l'administration et des entrepreneurs.
Ces derniers ont fait, pendant quelques temps, les plus dispendieux sacrifices, pour maintenir un grand nombre d'ouvriers dans les chantiers, mais leur zèle et leur bonne volonté ont dû fléchir devant la rigueur des fièvres, et pendant quatre mois, ils ont été forcés de fermer leurs chantiers. Malgré ces obstacles, les travaux touchent à leur fin, et aujourd'hui que les fièvres ont sensiblement diminuées, nous savons que la plus grande activité règne sur les chantiers des deux villages."

C'est ce qui explique pourquoi l'on place en 1848 seulement la création, en section de la commune de PHILIPPEVILLE, des deux villages de SAINT-ANTOINE et DAMRÉMONT.

La sécurité n'était pas assurée. Dans la nuit du 12 au 13 février 1848 , un lion tue 5 vaches à l'entrée du village.

Le 22 avril 1849, la milice de SAINT-ANTOINE sous la direction du Sous-préfet DEMANCHE nettoie la région infestée de brigands qui pillaient les fermes isolées : L'entrée et la sortie du village sont interdites aux indigènes après 7 heures du soir ; en cas de sonnerie du clairon, tous les habitants indigènes doivent rentrer dans leurs domiciles.

Les civils ne peuvent voyager isolés. Ils doivent se joindre obligatoirement aux convois militaires qui partent tous les quatre jours de PHILIPPEVILLE pour se rendre à CONSTANTINE.

En 1850, panthères et lions font encore des victimes dans les troupeaux et enlèvent même des hommes.

La promenade de PHILIPPEVILLE à SAINT-ANTOINE est un enchantement. Une route admirable sur laquelle les automobiles doivent se méfier en faisant de la vitesse, est bordée sur tout son trajet de beaux arbres qui, en été, lui fait une voûte d'ombre majestueuse.

— La route de Saint-Antoine —
— La route de Saint-Antoine —

Des deux côtés des orangeries, des vergers, apportent leur parfum pénétrant et, à certaines époques de l'année, trop grisant même.

A mi-chemin, sur la droite, le grand domaine de l'École d'Agriculture, peut-être visité tous les jours.

— Vue d'ensemble de l'École d'Agriculture —
— Vue d'ensemble de l'École d'Agriculture —

Le touriste verra cette pépinière de jeunes agriculteurs dont quelques générations peuplent les fermes du département où ils ont apporté une technique et une science, transformant peu à peu les vieilles méthodes de culture.

A l'arrivée au village de SAINT-ANTOINE, sur la droite également, le touriste pourra visiter la ferme modèle de M. Élie TABONI, dont les orangeries immenses font l'admiration de tous les agriculteurs.

En prenant la route de COLLO, face à la petite Église, on se dirige vers le centre forestier de PRAXBOURG, aujourd'hui réduit à sa plus simple expression ; puis de là, vers COLLO par le Col de l'Estaya.

C'est une très belle promenade de 75 kilomètres, dont on peut fermer le circuit en revenant par SIDI MESRICH, GASTONVILLE, SAINT-CHARLES, sur PHILIPPEVILLE.

 

 

DAMRÉMONT : Le village se trouve à 5 kilomètres au S.E. de PHILIPPEVILLE.

Il a été créé à la même époque que SAINT-ANTOINE, et définitivement achevé en 1848. Son nom rappelle celui du Gouverneur général de l'Algérie tué devant CONSTANTINE le 12 octobre 1837.

Les mêmes difficultés ont présidé à la naissance de ce village. Les bandits indigènes ont rendu la vie pénible aux premiers habitants. Les grands fauves étaient moins dangereux.

En 1850, un homme est dévoré par les lions à quelques cents mètres du village. Le 14 décembre 1850, un lion majestueux traverse le village pendant la nuit, cherchant à surprendre une proie ; un autre, blessé mortellement, est achevé par des jardiniers maltais.

Pendant de longues années ces fauves survécurent dans les fourrés impénétrables de la région.

En 1870, le 24 mai, la voiture publique faisant le service de PHILIPPEVILLE à JEMMAPES se trouvait en présence d'une famille composée de quatre lions, qui traversait la route.

En 1873, la plaine de DAMRÉMONT et de VALÉE est fréquentée par des couples de fauves et en 1879 encore on en rencontrait non loin du Saf-Saf, ainsi que des panthères. Les incendies de forêt ont largement contribué à la disparition de ces hôtes indésirables.

Une belle route ombragée par de grands eucalyptus, relie PHILIPPEVILLE à DAMRÉMONT.

Le touriste pourra faire un circuit, DAMRÉMONT, VALÉE, PHILIPPEVILLE, de 15 kilomètres, en une heure. Il traverse une région particulièrement intéressante au point de vue de la culture de la vigne.

Toute la plaine de DAMRÉMONT-VALÉE, formée de terres d'alluvions de premier choix, permet des rendements de 250 et 300 hectolitres à l'hectare.

Le village de DAMRÉMONT n'a pas une grande importance. Il ne vit que par l'appoint du personnel de la grande minoterie ATARD Frères, dont le bâtiment immense domine toute la plaine.

— Damrémont, la minoterie ATARD en 1935 —
— Damrémont, la minoterie ATARD en 1935 —

Ce grand moulin, construit avec la dernière technique moderne, est un modèle du genre.

DAMRÉMONT est situé sur une route départementale qui longe la voie ferrée, la coupe à plusieurs reprises pour changer de côté, et qui conduit par le Saf-Saf jusqu'à SAINT-CHARLES.

Le touriste se rendra compte, en voyant les grands domaines, de SAINTE-CROIX, ATARD, RAMONATXO, les jardins, les vergers et les orangeries qui défilent sous ses yeux, de l'effort de la colonisation algérienne.

Effort d'autant plus admirable qu'il ne faut pas oublier qu'il y a moins de 100 ans, toute cette région était un vaste marécage où l'homme ne pouvait vivre, et où les bêtes fauves régnaient en maîtresses.

 

 

VALÉE : Le village se trouve sur un plateau, à 6 kilomètres de PHILIPPEVILLE.

C'est une section de la commune créée en 1848. Il porte le nom du Gouverneur général de l'Algérie qui a succédé au général DAMRÉMONT.

Ce village a été peuplé à l'origine par des paysans français. Ils ont moins souffert que leurs compatriotes de la plaine, car leurs maisons étaient construites sur une élévation. Malgré cela, la fièvre les a miné et nombreux sont morts à la peine...

Aujourd'hui, ce village peuplé de viticulteurs et d'ouvriers agricoles, est un beau centre bien vivant. La plupart des vieux habitants, issus des familles qui l'ont fondé, jouissent d'une aisance et d'une richesse qui est due à la fécondité extraordinaire de leurs terres et au rendement fabuleux de leurs vignobles.

Avant la crise qui sévit actuellement, on comptait de nombreux millionnaires parmi eux. Mais travailleurs infatigables, modestes et philosophes, ils continuent leur labeur quotidien sans se soucier d'étaler leur fortune, apportant seulement plus de confort à leur existence.

Le retour sur PHILIPPEVILLE se fait par une route parfaitement entretenue, à l'ombre des grands eucalyptus qui la borde sur tout son parcours.

A la sortie du village un chemin conduit à la ferme BARROT qui est un véritable hameau.

Le touriste pourra visiter cette grande et belle ferme entourée d'une forêt d'eucalyptus et de palmiers.

Cette visite montrera à quel perfectionnement la culture et la viticulture ont été poussés.

En sortant du domaine par le Nord, on revient à PHILIPPEVILLE, en passant devant une autre belle ferme de MM. GRIMA, et en rejoignant la route nationale de JEMMAPES, au pont du Saf-Saf. Du milieu du pont on pourra admirer un des plus beaux paysages des environs de PHILIPPEVILLE, la rivière et les grisards qui la dominent.

— Le Pont sur le Saf-Saf —
— Le Pont sur le Saf-Saf —

 

 

Copyright � Il était une fois Philippeville - Marcel-Paul Duclos - All rights reserved.


Haut de page